Début septembre, Martin Hirsch actuellement président de l’Institut de l’Engagement, prenait le micro devant les étudiants de première année du Programme Grande Ecole. Celui qui a été aussi président d’Emmaüs France, revient sur l’importance d’une vie engagée.
« Pendant la guerre, mon grand-père, est parti à Londres retrouver le général de Gaulle, et mon père a rejoint le maquis à seulement 15 pour entrer dans l’armée de libération. Des engagements au péril de leur vie. A la maison, non pas qu'ils me racontaient qu'ils étaient des héros, absolument pas, mais pour autant, ils émaillaient quand même dans les discussions de la famille. Est-ce que ça, ça m'a donné envie d'engager ? Non, ça m'a tellement intimidé.
Mon engagement est devenu tout à fait autre chose, à un autre âge, parce que je suis tombé amoureux d'une fille qui, elle, allait passer ses week-ends à s’occuper d’enfants handicapés. La seule manière de la conquérir, c'est de la suivre. J'ai franchi la première marche de l’engagement pour cette raison absolument pas altruiste mais totalement intéressée. »
« Mon engagement personnel découle autant du hasard que de la nécessité, car je trouvais compliqué de me sentir pleinement heureux quand j’étais au milieu de gens qui ne l’étaient moins. »
« Pour moi, il y a un lien entre l’engagement et mon activité sportive préférée, l'alpinisme. Dans l’alpinisme, il y a des courses en montagne que l’on appelle engagées. Cela veut dire qu’on n'est pas sûr de revenir, mais on va tout faire pour revenir. On y trouve une notion de prise de risque, une mobilisation de tout ce qu’on peut mobiliser.
Dans l'engagement dits citoyens, cela veut dire mobiliser son temps, mobiliser ses compétences, et ce que vous allez apprendre ici pourra être mis au service d'autre chose. Cela peut être de mobiliser son argent pour soutenir des causes, mobiliser ses réseaux pour impliquer le plus de personnes possibles, etc. Mais donc, de les mobiliser au service d'une cause qui vous dépasse. Que ce soit l’environnement, les pauvres, les malades, les sans-droits, la vulnérabilité, la transition climatique… »
« Il faut à la fois avoir l'humilité et l'orgueil suffisants pour s’engager. L'orgueil de penser que l’on peut avoir un impact sur le sort des autres et l'humilité de penser qu'on ne peut pas faire tout seul. »
« Deux grandes puissances régissent le monde, l'Etat et le marché. Si on pense que ces deux forces sont suffisantes pour faire des sociétés fonctionnelles, c’est-à-dire qui protègent, qui incluent l’ensemble de la population et qui procurent du bien-être et du bonheur, on se trompe. Il y a besoin d’une troisième force. Et cette troisième force, elle est en nous.
L'’engagement est nécessaire pour construire des solutions qui ne pourraient advenir sans mobilisation collective. On ne peut pas avoir une société dans laquelle il y a simplement une partie d’elle qui produit et une autre partie qui est exclue. Il y a un besoin de ne pas être indifférent au sort collectif. L’engagement est à la fois un antidote à l’indifférence et à la reproduction des inégalités. »
2013 –2022 : Directeur général de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP)
2007 –2010 : Haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté et à la Jeunesse
